Carnet de route

Pic de Palas par arête sud-est
Le 11/06/2011 par Olivier Goussard
Du 11 au 13 juin 2011 le récit de 4 copains, Marcel, Philippe, Dominique et Olivier à l'assaut de l'arête sud-est du Palas, voie cotée AD sup, dans les Pyrénées.
Samedi 11 juin 2011
Caillou de Soques / refuge d'Arrémoulit : 3h09mn ; 956m de montée ; 67 m de descente ; 5,255km.
Marcel et Philippe, venant de Vendée, sont déjà là quand Dominique arrive ; salutations des nouveaux compagnons de rando et rapidement nous prenons la route dans le minibus que Marcel a mis à disposition pour ce périple. Départ de chez Olivier, en ce samedi, alors que 9h sonnent au clocher. Il fait à peu prés beau, ce matin, et nous souhaitons que ce temps là va persister.
Nous faisons un arrêt sur une aire de repos vers Saintes car Marcel souhaite faire un tour de son véhicule dont le train avant, nouvellement remis à neuf, génère un bruit un peu gênant mais on n'y découvrira rien d'anormal.
Nous trouverons un peu de circulation aux alentours de Bordeaux mais cela ne dure pas et nous filons ensuite rapidement vers les Landes par le nouvel autoroute A65 qui nous emmène vers Pau. Nous faisons un arrêt sur l'aire de repos de l'Adour pour le repas de midi que nous prenons assis sur une table aux bancs gigantesques mais les arbres ne sont pas en proportion et l'ombre fait défaut ! cependant il ne fait pas très chaud et nous faisons face aux rayons solaires avec courage ! Petit café sorti du thermos de Marcel pour finir.
Nous reprenons la route en évitant Pau par l'Ouest et nous remontons la vallée d'Ossau en direction de Laruns puis Gabas et enfin le Caillou de Soques d'où nous devons partir vers le refuge d'Arrémoulit où Marcel s'est chargé de réserver nos places pour les deux nuits à venir.
Nous changeons de tenue et revêtons des effets plus adaptés à la rando et à l'alpinisme. Sur la route, de nombreux cyclos peinent dans la montée du col du Pourtalet encore distant de quelques kilomètres.
Sacs sur le dos, équipements spéciaux : cordes, baudriers, crampons, sangles etc.. en place dans et sur les sacs, nous partons vers la forêt qui nous surplombe. Nous marchons depuis quelques minutes quand un klaxon-alarme se déclenche et Philippe propose gentiment de redescendre voir au véhicule si tout va bien. Il revient bientôt et nous rassure : tout semble normal et nous reprenons l'ascension. Sur le sentier nous pouvons voir de nombreuses chenilles solitaires qui ressemblent aux processionnaires que l'on observe dans les forêts de pins des Landes et nous faisons attention de ne pas les écraser sous nos robustes chaussures.
Parvenus au niveau de la nouvelle cabane d'Arrious, Dominique et Marcel s'échangent la corde, nous buvons un coup et mangeons une bricole avant de reprendre le chemin vers le col. Nous croisons quelques randonneurs qui redescendent vers la vallée. Parvenus au col, Dominique règle son altimètre ; nous obliquons vers le lac d'Arrious puis le passage dit "d'Orteig" qui nous fera installer nos baudriers de fortune que nous fixons au câble qui parcoure et protège ce passage aérien et étroit. Quelques mètres à monter encore et nous descendons ensuite vers le refuge du lac d'Arrémoulit que l'on aperçoit en dessous de nous. Le lac est, bizarrement, très bas et nous passons le barrage avant le refuge en équilibre sur le mur dont la construction et la géométrie trouble un peu Philippe.
Le ciel qui était couvert à un plafond à 2200m sur le piémont Pyrénéen s'est dégagé dans ce fond de vallée et le cirque d'Arrémoulit, avec ses sommets et ses cols et très beau dans cette lumière du soleil qui décline.
Nous faisons connaissance avec le nouveau gardien de refuge et son équipe ; un panneau d’affichage indique le menu du soir : soupe, porc confit et nouilles au gratin, fromage et tarte aux abricots ; un couple en bonnet et veste rouge est présent ce soir mais ils se préparent leur tambouille eux même; deux hommes sont là aussi qui vont partager la table et le repas avec nous. Demain ils feront le Palas, mais par l’arête des Géodésiens et nous discuterons agréablement avec eux pendant le repas.
Puis nous choisissons nos couchages un peu où nous voulons car nous ne serons que 8 à dormir dans les dortoirs ce soir.
Dimanche 12 juin 2011
refuge d'Arrémoulit / pic de Palas et retour : 10h02mn ; 669m de montée et descente ; 5,256km ; 4h34mn dans la voie
Réveil 6h45mn et à 7h petit déjeuner que nous avalons sans trainer, nous bouclons les sacs après vérification des instruments et du matériel puis nous partons vers le col de Palas. Il ne fait pas grand beau, l'air est tiède et quelques cirrus et autres alto-cumulus sont en altitude mais ne nous inquiètent pas encore.
Quelques névés défendent encore l’accès au col de Palas et c'est l'occasion pour Marcel de chausser ses crampons en titane !
Parvenus au col, nous découvrons le lac d'Arriel en contre bas à droite, sur notre gauche vient mourir l'arête Sud-ouest venant du Piton Von Martin, devant nous, en fond de tableau, le Port du Lavedan où commence l’arête Sud-Est que nous avons prévu de gravir. Un passage à flanc dans des rochers et éboulis et un névé pentu nous séparent encore du Port. Nous faisons une courte pause et nous repartons ; cette fois tout le monde chausse les crampons pour atteindre le rocher au départ de l’arête.
Nous quittons alors nos lourds équipements et nous mettons à la place les chaussons d'escalade, baudriers, casque, corde et sangles, le reste de notre harnachement prenant place dans le sac à dos. Les cordées se forment : Marcel en tête, Dominique en second d'une part et Philippe et Olivier qui alterneront les positions en cours d'escalade, d'autre part.
Dominique, pour qui c'est la première expérience d'alpinisme vers un sommet, est un peu tendu mais les conseils de ses amis ont vite fait de le rassurer un peu.
Les longueurs se succèdent, les deux cordées montent ensemble, parfois l'une passe par la gauche et l'autre à droite ; les grimpeurs aguerris, que sont Marcel et Philippe, n'ont pas de peine à trouver un passage et Olivier s'y met aussi avec entrain !
Le ciel se couvre maintenant et un plafond aux alentours de 3000m laisse tomber quelques gouttes de pluie qui inquiètent un peu les anciens. Deux espagnols nous rattrapent puis nous dépassent en s’emmellant dans notre corde ; ils grimpent en même temps, sans trop poser de relais mais tout le monde se retrouve bientôt rassemblé avant un petit ressaut. Marcel part le premier suivi de Dominique, les espagnols partiront ensuite, Philippe et Olivier fermeront les portes en passant après eux !
Après cette longueur, la pente s'adoucit et c'est, les anneaux de corde à la main, que nous terminons cette ascension. Les premiers arrivés auront le temps de changer de chaussures et de manger un morceau ; Philippe et olivier n'auront pas trop le temps de se reposer car le plafond reste bas et il faut songer au retour.
C'est l’arête des Géodésiens que nous empruntons pour la descente ; elle commence par un ensemble de gros blocs de granit horizontaux qui plongent ensuite plus sérieusement vers le col d'Artouste. Nous commençons avec les anneaux de corde mais il faut bientôt poser quelques sangles et mousquetons pour sécuriser les passages un peu exposés. Nous rejoignons bientôt la brèche des Géodésiens après avoir quitté l’arête principale par la gauche. Maintenant la corde devient inutile et nous rangeons tout le matériel. Philippe et Olivier vont prendre un peu de temps pour se restaurer, Dominique et Marcel prenant tranquillement la direction du pied de l’arête d'Arrémoulit en suivant les cairns dans un chaos minéral de granit et de névés.
L’équipe se regroupe un peu avant l'arrivée au refuge. Le temps se sera maintenu et le soleil nous réchauffe pendant cette deuxième partie de la descente.
Arrivés au refuge nous nous déchargeons et nous échangeons nos impressions avec le gardien du refuge. Nous en profitons pour partager une bière bien fraiche en goutant un repos bien agréable après cette course qui aura duré quelques 10 heures.
Il y a ce soir au refuge 4 ou 5 autres clients, des anglais semble-t-il, qui passent de longs moments à discuter, le nez plongé dans les cartes.
Pour notre part, chacun va choisir une activité en attendant le repas ; toilette, rangement du matériel, admiration de ce cirque d'Arrémoulit que le soleil baigne encore ou repos dans les dortoirs.
Au repas du soir, nous serons tous les quatre à une table, les anglais à une autre ; comme menu : soupe aux légumes, viande en sauce avec du riz épicé puis fromage et tarte aux pommes pour finir, le tout étant arrosé par le reste de la bouteille de Madiran qu'Olivier fera mettre sur sa facture personnelle.
Après le repas, les plus fatigués vont chercher le repos, la tête pleine de cette belle journée d'escalade aérienne.
Lundi 13 juin 2011
Refuge d'Arrémoulit / Caillou de Soques : 2h11mn ; 67m de montée ; 956m de descente, 5,255km.
Réveil comme hier 6h45, petit déjeuner à 7h puis nous préparons nos sacs pour le retour ; c'est un moment où nous discutons avec le jeune et sympathique gardien qui nous proposera gentiment de nous prendre tous les quatre en photos même si l'appareil de Dominique a un peu de mal à obéir .
Le temps n'est pas au grand beau mais nous pensons pouvoir rejoindre le minibus sans être trempés.
Passage d'Orteig traversé avec baudrier de fortune et mousquetons puis descente rapide vers le Caillou de Soques que nous atteindrons un peu plus de 2 h après notre départ d'Arrémoulit.
Rapide toilette, changement de tenue, coup de téléphone à nos proches pour les rassurer, rechargement du coffre du véhicule et nous voilà partis vers le col du Pourtalet pour y faire quelques emplettes à prix moins taxés qu'en France.
Puis nous prenons la direction du Nord, Marcel au volant et la descente jusque dans la vallée est un peu éprouvante pour les estomacs des places arrières, surtout quand ces derniers plongent la tête dans les topos qu'Olivier a apportés. Plein de carburant à Laruns puis traversée de Pau en passant par les ronds-points où les directions ne sont pas toujours bien indiquées ; finalement nous ne prendrons l'autoroute qu'un peu au dessus de Pau, au niveau de Théze mais sans perdre trop de temps, semble-t-il !
Nous ferons un arrêt pour le repas de midi sur la même aire de repos de l'Adour puis nous remontons vers Bordeaux sous la conduite d'Olivier cette fois. Pas de bouchon malgré les retours de week-end, seules quelques gouttes de pluie tombent juste pour nettoyer les moucherons du pare-brise ; un dernier arrêt technique en Charente maritime et retour dans les Deux Sèvres malgré un passage au péage un peu laborieux : le ticket ne passe pas puis on ne peut pas obtenir de ticket et cela se termine avec l'intervention d'une opératrice qui finit par nous trouver un justificatif du paiement du trajet.
Retour à Benet vers 17h, on boit un coup chez Oli après avoir salué les jeunes femmes et filles de la maison ; Marcel et Philippe repartent vers la Vendée, Dominique laisse une copie de ses photos et films puis regagne, lui aussi son domicile.
Merci encore à ceux qui ont contribué à l’organisation et à la réussite de cette belle course, du moins du point de vue du rédacteur de ce billet .